Toulouse DataViz (TDV) est une association toulousaine dont l’objet est de « promouvoir et diffuser la culture de l’analyse et de la visualisation des données. » L’idée de départ est que parfois, et même souvent, un schéma, un dessin, un croquis, un graphique, bref une représentation visuelle est plus efficace que des mots pour transmettre un message. Oui, mais construire une telle image n’est pas forcément évident. Pour transmettre correctement son message, cette image doit respecter un certain nombre de règles et de bonnes pratiques.
L’ambition de TDV est donc de faire connaître ces règles et bonnes pratiques, afin qu’elles soient respectées et appliquées par le plus grand nombre. L’enjeu est de taille, car d’une part, les données disponibles sont de plus en plus abondantes, avec le développement de l’open data, d’autre part, les outils pour les traiter et les visualiser sont de plus en plus divers et performants.
Le Hackaviz, un marathon de la dataviz
Parmi ses diverses activités, TDV organise des événements périodiques, rencontres ou ateliers : le Hackaviz est l’un d’entre eux. Une fois par an, depuis 2018, ce marathon de la dataviz invite toutes celles et tous ceux qui le souhaitent à plancher sur un jeu de données pendant un temps limité : 10 jours entre l’ouverture des données et la remise de la contribution. Le choix des outils est laissé libre, du carnet de croquis à la librairie logicielle la plus avancée. L’objectif est de produire, seul·e ou en équipe, une restitution à base de représentations graphiques, qui présente un message, un enseignement, une histoire, à partir du jeu de données.
Les contributions sont examinées et évaluées par un jury. Cette année, les membres « historiques » du jury, les piliers de TDV ont souhaité le renouveler. Assez naturellement, ils auraient pu faire appel à Éric, qui était intervenu lors de la Mêlée numérique, événement organisé par TDV en octobre 2021, sur le thème « Comment mieux faire parler les données ? ». S’étant fixé la contrainte supplémentaire de la parité ⚤, c’est à moi qu’ils ont fait appel.
J’ai donc fait partie du jury du Hackaviz 2022. Même si je le dois à ma condition de femme et à ma proximité d’Éric, je sais aussi que mon parcours de statisticienne, infographiste et responsable de communication y est aussi pour beaucoup. Au départ, je me demandais si je trouverai ma place de ce jury. Finalement, mon intérêt pour la mise en forme de l’information et mon goût pour raconter des histoires m’ont permis de m’y sentir à l’aise.
Être membre d’un jury était une expérience inédite pour moi. J’y ai pris beaucoup de plaisir ! Voici ce que j’en retiens.
Avant : l’examen des contributions
Je n’ai pas trop regardé les réalisations des précédents Hackaviz, pour garder un regard « neuf ». De même, je n’ai pas cherché à étudier moi-même le jeu de données, d’autant que j’ai vite compris qu’il était plutôt touffu. Il portait sur un thème dont je ne connaissais quasiment rien : la redistribution de la redevance pour copie privée. Je me suis concentrée sur les contributions que j’avais à examiner, selon les différents critères : analyse, esthétique, sémiologie, histoire, originalité. L’organisation est parfaitement bien rodée : chaque membre étudie et note ses contributions et chaque contribution est vue par plusieurs membres du jury.
Pendant : les délibérations du jury
Des moyennes sont calculées sur les différentes notes attribuées par chaque membre. De là, découle assez facilement un classement de l’ensemble des projets soumis. Ce classement a permis de déterminer assez rapidement les projets primés. L’écart entre ces 4 projets et les autres était suffisamment net pour faire l’unanimité. Les discussions ont plutôt porté sur l’ordre final.
Il se trouve que j’avais dans ma sélection à examiner, le projet qui a finalement remporté le 1er prix. Il présentait pourtant un certain nombre d’imperfections : un problème de recouvrements à l’affichage sur un écran de taille moyenne, un tableau de chiffres avec des montants en € à 7 ou 8 chiffres, sans espace séparateur, une mise en page déséquilibrée, des explications manquantes pour introduire le graphique en réseau.
En contrepartie, de nombreux atouts : une mise en page sobre et efficace, rappelant une page de journal, des textes explicatifs indispensables pour décrire le contexte (j’ai découvert à cette occasion l’existence et le principe de la redistribution des sommes collectées au titre de la copie privée), des titres et une bonne hiérarchisation globale, des représentations graphiques originales (Sankey, nuage de mots, diagramme en réseau). Finalement, l’originalité et les possibilités d’exploration l’ont emporté. Depuis, l’auteur de cette contribution a publié une version améliorée.
Le diagramme en réseau donne une visualisation originale, à la fois efficace et esthétique des flux des aides attribuées. C’est lui qui donné à Éric l’envie d’explorer les possibilités de la librairie Graphology et lui a inspiré son dernier post Essai avec Graphology pour visualiser les migrations entre aires urbaines.
Au cours des délibérations, un autre sujet a fait l’objet de discussions intéressantes, c’est l’attribution d’un prix « coup de pouce ». Ainsi nommé, cela a permis de récompenser une équipe d’amateurs, qui s’est contenté d’outils bureautiques simples pour produire une contribution basique, mais cohérente et exempte d’erreurs manifestes. Une occasion d’encourager des jeunes à poursuivre leurs apprentissages et à approfondir leur expérience en matière de datavisualisations.
Après : la remise des prix
C’est l’occasion de se réunir « pour de vrai », faire mieux connaissance, partager un moment de convivialité, échanger sur nos expériences respectives. La plupart des contributions participant au Hackaviz ont été présentées par des personnes seules. Cependant, l’exercice de la datavisualisation n’a d’intérêt que s’il est porteur d’un message à transmettre, qu’il raconte une histoire ou apporte une connaissance nouvelle. Peu importent les outils utilisés, la virtuosité technique ou le rendu esthétique, ce que je retiens de cette expérience, c’est d’avoir découvert et exploré un vaste sujet sur comment une partie de la redevance pour copie privée était redistribuée. Je remercie TDV, tous les contributeurs et toutes les contributrices pour tout ce que j’ai appris à cette occasion.