Bonjour. Je me présente, je suis la pédagogie. Avec moi, il est question d’enseignement, d’éducation, de transmission de connaissances. Considérée comme une science, on parle de moi comme d’un ensemble de pratiques, de méthodes. Indépendamment de la matière enseignée, je m’intéresse à la manière de l’enseigner : comment accompagner l’élève dans son apprentissage ? Comment lui apprendre à apprendre ?
Certains voient en moi une qualité, un talent particulier, celui du ou de la professeur dont on se souvient toute sa vie car il ou elle a su encourager les progrès de ses élèves. Certains disent de moi que je suis un art. Cela sous-entend qu’un « bon » pédagogue serait doué de capacités hors du commun qui échapperaient aux enseignants ordinaires, de la même manière qui distingue le « bon » chanteur des innombrables chanteurs de salle de bain. La différence serait un « je ne sais quoi » de subtil et d’inexplicable.
Beaucoup de musiciens, un seul Mozart.
Science, technique ou art, peu importe finalement. Je m’intéresse à une activité de première importance, puisque apprendre est à la base du progrès. L’être humain passe un temps considérable dans sa vie à apprendre. Si cette activité est essentielle dans les premiers âges, elle se poursuit tout au long de la vie. Je suis toujours là pour la faciliter.
Je suis une très vieille dame. Mes origines remontent à l’antiquité. En grec ancien, le pédagogue désignait l’esclave qui accompagnait l’enfant à l’école. L’idée de conduite est essentielle à ma pratique. Le pédagogue avait également pour mission d’aider les enfants à réviser leurs leçons. J’aime cette image du pédagogue qui accompagne et guide les enfants sur le chemin de la connaissance.
Bien plus tard au XIXème siècle, le terme d’« andragogie » a été imaginé pour élargir le sujet aux adultes. À cette époque, les femmes n’étaient censées s’intéresser qu’aux questions domestiques. Heureusement, ce terme terriblement sexiste a sombré dans l’oubli et ma pratique s’étend aujourd’hui à des personnes de tout âge. Le féminisme a cependant encore du pain sur la planche : le mot même de « professeur » peine à se féminiser. Professeure ? Professeuse ? Professoresse ? Professeur même au féminin ?
Dans le panthéon hindou, Sarasvati est la grande déesse de la connaissance, de l’éloquence, de la sagesse et des arts. C’est vers elle que se tournent volontiers les écoliers et les étudiants.
Le symbole (yantra) qui la représente est une juxtaposition de triangles inclus dans un triangle.
C’est en forgeant qu’on devient forgeron !
D’une manière générale, enseigner repose sur un processus qui coule du professeur vers l’élève. Le premier détient un savoir qu’il montre et qu’il explique. Le second reproduit au travers d’exercices, plusieurs fois, dans des contextes différents, de plus en plus complexes, jusqu’à assimiler ce nouveau savoir. Les deux piliers de ma pratique sont imitation et répétition. Dès les tout premiers temps de la vie, parler et marcher s’apprennent ainsi.
Je traverse à l’époque actuelle une transformation majeure qui vient bousculer le schéma classique de la transmission de celui ou celle qui sait vers celui ou celle qui apprend. La connaissance est aujourd’hui omniprésente et même surabondante. Les livres ne sont plus le privilège d’une élite lettrée. L’information est accessible à tous, en quelques clics. Mon rôle s’étend et se transforme, il s’agit dans les écoles, non plus seulement d’apprendre, mais d’apprendre à apprendre.
L’image austère du maître ou de la maîtresse qui dicte et fait la leçon (de morale) s’efface. L’enseignant·e actuel redouble de ruse pour éveiller la curiosité, donner envie de découvrir par soi-même, faciliter les apprentissages par le jeu et capter l’attention volatile de ses élèves. À l’heure du « serious game », les élèves ne jouent plus seulement à la récréation. Je cultive le plaisir d’apprendre.
Sur ce blog et sur ce site consacrés à la statistique, j’ai aussi un rôle essentiel à jouer. Face à la masse toujours croissante de données disponibles, je suis là pour trier, sélectionner, hiérarchiser, afin de mettre en lumière l’essentiel. Je suis là aussi pour organiser et mettre en forme de façon visuellement agréable et parlante. Tout cela dans un même but : donner du sens aux données.
“Je cultive le plaisir d’apprendre.”
Merci pour cet article et cette belle définition, j’ai vraiment pris du plaisir à le lire…